Le regard inversé est le troisième recueil de poésie en français de Corinna Coulmas, qui fait partie des poètes bilingues écrivant parallèlement dans leur langue d’origine, dans son cas l’allemand, et dans leur langue d’adoption, ici le français.
La capacité d’inverser le regard, qui constitue le thème central de ce recueil, signifie non seulement savoir regarder activement, mais être capable de voir les choses du côté opposé, et même de tous les côtés. Il ne s’agit pas d’une relativisation, mais d’une multiplication, et donc d’une amplification du regard.
La première partie, Passages, décrit des moments de transition de temps et de lieu, qui provoquent en nous hésitation et incertitude, que nous devons affronter et accepter pour faire nôtre la situation nouvelle.
Une joie venue de loin traite de l’enfance, à partir du regard des enfants autant que du nôtre.
La partie Requiem consiste en un cycle de poèmes, Un homme et son œuvre, Kaddish pour Claude Lanzmann, dont Corinna Coulmas a été la collaboratrice pendant dix ans sur le film Shoah, suivi d’une commémoration pour un agriculteur qui s’est suicidé. La vie et la mort y sont entrelacées de façon si intime que souvent leur position semble inversée.
La face cachée de la lune, traite de différentes situations de notre vie qui sollicitent un regard transformateur pour les rendre acceptables.
Le cycle Voyage nocturne est consacré à la recherche d’une « femme aux dix mille visages » dont, par un regard multiple, il nous fait découvrir certains ayant leur origine en des temps et des lieux lointains.
La dernière partie du recueil s’appelle Le labyrinthe. Ce long cycle porte comme sous-titre : Un lieu pour s’égarer, un lieu pour se trouver. En prenant le labyrinthe comme modèle d’une recherche où tous les chemins mènent vers le centre, dont on n’est jamais si éloigné que quand on s’en croit proche, nous progressons par un chemin où les impasses et les détours se révèlent être les vraies avancées. Les époques vont du Minotaure jusqu’au Covid-19 et s’y mélangent quand sont abordées nos peurs et nos douleurs. C’est une quête du sens comme direction et comme signification, où l’on traverse de multiples domaines matériels et spirituels.
Le cycle se termine par les prises de position inverses d’Icare et de Dédale.
Tous ces sujets sont philosophiques et sont pourtant traités en vrais poèmes. Il y a eu concentration et transposition, grâce à une inversion du regard.